C’est vrai qu’on se la ferait bien un jour, de l’Aorai au Pic Vert, une sacrée transversale ! Mais c’est pas demain la veille qu’on la réalisera au club. Et encore moins le jour de l’indépendance… non pas encore locale, juste celle des Ricains. En fait, avec une météo pas folichonne (c’est le moins qu’on puisse dire) en arrivant au parking de la montée du Belvédère, devant la mine renfrognée des participants, une solution de rechange s’imposait. En effet, le «mamu» des crêtes de Pirae, déjà glissant par beau temps, devient une vraie patinoire, de quoi torturer les genoux fragiles de la majeure partie d’entre nous.
L’alternative de la crête du Pic Vert, proposée en itinéraire bis, s’est imposée rapidement. Bien entendu, le temps d’y aller, la pluie avait cessé… Mais nous ne sommes pas devins, à l’instar de la météorologie qui n’est certes pas une science exacte. Nous voilà donc partis, la fleur au fusil et les crampons de forestier autour de nos chaussures, sur les pentes modérées vers le Toanui, au-dessus du Pic Vert. Le temps de franchir la forêt de pinus, puis d’arpenter les vallons parsemés d’anuhe, et c’est déjà l’entrée dans la forêt humide.
Rapidement, nous arrivons à l’ancien pluviomètre, un peu plus d’une heure après le départ. La lente progression sur la crête supérieure est entamée à travers les lourds nuages. C’est pas encore aujourd’hui que nous verrons l’Aorai. Et pourtant…
Une heure après, nous arrivons sur la piste humide au nouveau «carrefour» de la descente vers la Mission. Encore quelques minutes et nous arrivons au Toanui. Par miracle, les nuages s’effilochent, nous permettant d’apercevoir le Diadème, le mont Marau et ses antennes, ainsi que les cascades de la Fautaua. Nous déjeunons dans l’ivresse des panoramas qui s’offrent à nous, à plus de 1 200 m d’altitude…
Le retour se fera sans souci, avec bien entendu la boucle de la crête inférieure qui nous permettra de contempler dans le détail les hauteurs de la Mission et de Ste Amélie. Finalement, nous aurons passé une excellente journée, avec très peu de pluie, quoi que puisse en dire certains, sur les pentes humides des hauteurs de Papeete. Les stigmates indélébiles de la latérite des lieux ont gratifié nos chaussures et nos vêtements d’un joli rouge profond, témoin de la géologie volcanique de nos îles…