Malgré les menaces de pluie qui pointaient leur nez en ce début de matinée, le soleil était finalement au rendez-vous pour cette virée pas comme les autres. Nous étions une petite dizaine à embarquer dans les véhicules tout-terrain qui allaient nous amener au départ de la randonnée, après une montée de 40 minutes. Le départ est donné, non sans avoir vérifié nos lampes frontales et nos baudriers… Après 20 minutes de marche, nous voici devant le premier lavatube, une grande grotte de 15 m de hauteur et de 250 m de longueur que nous abordons par le flanc droit… Un petit passage en surplomb, équipé de cordes, nous met d’emblée en appétit. Chacun commence à mesurer ce qui l’attendra tout au long de la journée. Mais la lumière du jour arrive rapidement et d’emblée nous continuons notre progression dans le lit du torrent.
Les pierres sont particulièrement glissantes dans ce goulet très encaissé. La méfiance est de rigueur pour éviter les chevilles foulées… Un quart d’heure plus tard, nous voilà déjà au pied du second lavatube. L’entrée se fait par la droite, en passant par deux surplombs raides, mais heureusement équipés de cordes à nœuds. Il va nous falloir escalader la paroi humide, non sans avoir pris le temps de nous équiper de nos baudriers, afin d’assurer les participants pour cette étape dangereuse. Grâce à Thomas, expert en la matière, nous franchissons ce passage délicat en moins de temps qu’il n’en faut pour le narrer, et nous voici à pied d’œuvre dans la pénombre… Les frontales sont allumées, le temps de traverser la grotte naturelle, plus courte que la précédente mais plus étroite. La sortie arrive rapidement, il s’agissait d’un « apéritif » en quelque sorte…
Nouveau tronçon dans le lit de la rivière pour arriver 20 minutes plus tard sous l’arche d’un ancien lavatube aujourd’hui effondré. A moins qu’il ne s’agisse des restes de l’entrée du troisième lavatube… que nous abordons 50 m plus loin. Ici, il va nous falloir traverser par la gauche une grande vasque avec de l’eau jusqu’aux épaules. L’entrée dans cette ultime grotte est relativement aisée malgré un surplomb de deux mètres que nous franchissons sous une cascade rafraîchissante. Quelque peu trempés, nous voilà prêts pour aborder le « plat de résistance » de la journée dans la pénombre.
Cent mètres plus loin, dans le noir désormais complet, le lit du torrent continue sur la gauche mais nous prenons l’embranchement en “Y” vers la droite pour pénétrer au cœur de ce dernier lavatube. Les passages équipés de cordes ou de mains courantes sont nombreux et durant plus d’une heure, nous batifolons à travers tout le réseau de galeries qui s’offrent à nous. Le scintillement de la silice est omniprésent, réfléchissant des éclats jaunes vif sur toutes les parois et le plafond. Le spectacle est féérique ! Mais il est déjà temps de rebrousser chemin pour nous engager vers la sortie haute du lavatube.
Les lampes sont éteintes et rangées… Désormais, le torrent est plus étroit et grimpe presqu’à la verticale sur les hauteurs. Notre progression, bien que facile dans ces “jardins japonais” naturels, demande de la concentration puisqu’il faut nous accrocher aux marches rocheuses de ces escaliers dégoulinant d’eau vive…
Peu avant le sommet, au pylône de Marama Nui, nous prenons notre repas dans la joie et la bonne humeur. Il nous faut encore dévaler avec prudence la magnifique cascade à étages et nous voilà enfin sur le chemin de retour, un sentier large et dégagé qui nous mène en 30 minutes aux voitures…
C’est déjà fini ! Les yeux embués de tant de merveilles, nous regagnons nos véhicules pour rentrer avec le sentiment d’avoir passé un merveilleux moment, jalousement conservé entre nous !
Jean-Philippe,